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COMMENT CAROLINE A VU SA VIE BASCULER ?

Infographie sur le burn-out (1)

Le 23 janvier 2019, à 9h, Caroline rencontre pour la première fois son manager, Teddy. L’appréhension et l’impatience des derniers jours laissent la place à l’excitation de la découverte de son nouveau lieu de travail. Caroline a 35 ans, elle est designeuse. Le job qu’elle vient de décrocher dans cette agence renommée est une consécration pour elle.

Caroline est compétente, elle a vite compris les ressorts de ce métier exigeant. Auprès de ses nouveaux collègues, elle trouve beaucoup d’inspiration.

Teddy est brillant. Ses créations sont agiles et innovantes. Il laisse le temps nécessaire aux membres de l’équipe pour travailler à fonds sur les projets. Pour Caroline c’est un eldorado dans l’univers du design.

Les six premiers mois, Caroline fait ses preuves. Ses projets sont revus par Teddy dans tous les détails. Les points hebdo durent plusieurs heures. Caroline prépare ces rendez-vous avec engagement. Les remarques de Teddy sont autant de marches sur lesquelles Caroline s’appuie pour monter en compétence.

Le 13 mars 2022, Caroline est assise dans son bureau. Elle est devenue senior et encadre deux jeunes designers, auprès desquels elle apprend son rôle de manager. Les projets alloués à son équipe sont toujours de belles réussites et les clients apprécient son travail. Teddy a été remplacé depuis peu par Gaël. Le départ de Teddy a été un moment délicat pour Caroline.

Dans deux heures, Caroline a rendez-vous avec Gaël. Elle fixe son écran sans le voir. Depuis que Gaël est là, les revues hebdomadaires sont de plus en plus longues et aujourd’hui l’énergie lui manque. Caroline sait que le projet Odon, que Teddy lui a confié avant son départ, est stratégique pour l’agence. Tout de même, elle aimerait plus de confiance de la part de Gaël.

Caroline se lève de sa chaise et va dans le bureau voisin voir son amie Angèle. Elle est étonnée de voir le bureau vide, avant de se rappeler qu’Angèle est partie en vacances. Comment a-t-elle pu oublier ça ? Angèle lui parle de la préparation de ses vacances depuis un mois. Caroline revient dans son bureau, fatiguée. La nuit dernière a été courte, elle a eu du mal à s’endormir. Certaines remarques de Gaël tournent en boucle dans sa tête.  Rien de grave, juste quelques remarques qui restent accrochées.

Sans y penser, Caroline ouvre machinalement ses mails. Le seul mail non ouvert de la liste date de 9h15. Caroline le lit en diagonale. : Enzo lui pose une question sur le dossier Odon. Caroline ne comprend pas trop le sens de la question. Elle fixe l’écran sans écrire de réponse, puis referme les mails. Il est 9h17.  Elle se lève, va se chercher un café. Il est trop tôt pour trouver quelqu’un dans la cafèt.

La revue hebdo a été délicate. Caroline quitte l’agence vers 19h et va rejoindre les autres managers Chloé et Noémie au bar à vin à l’angle de la rue. Vers 21h, Caroline sort du bar, furieuse. Noémie lui a demandé pourquoi elle était passée autant de fois devant mon bureau aujourd’hui. Non mais, de quoi elle se mêle ?

Le 10 avril 2022, Noémie reçoit un appel de Chloé. Caroline est en arrêt maladie depuis 10 jours, elle est en burn-out. Cet appel est un choc pour Noémie. Lors de la soirée au bar à vin il y a un mois, elle n’avais pas trouvé les bons mots pour faire part de son inquiétude à Caroline. Pourtant, elle a vu que le comportement de Caroline n’était pas habituel, elle aurait pu faire quelque chose. Noémie se sent fautive.

Caroline n’est pas la seule: quels sont les signes et symptômes du burn-out ?

Cette histoire, je la connais bien. Elle fait partie de ma vie. Les burn-out sont devenus courants, nous connaissons tous quelqu’un qui en a déjà vécu un. Une étude du cabinet Technologia révèle que 3,2 millions d’employés, c’est-à-dire 12% de la population active, présenteraient un “risque de burn-out”.

Je me souviens très bien du matin où je suis passée de tâche en tâche, de dossier en dossier sans en commencer un seul. Impossible pour moi de lire plus de quelques mots, de me mettre sur une tâche. Mais je n’avais pas compris l’urgence de la situation. C’était quelques jours avant que je finisse en arrêt, incapable de bouger.

-> Les signes psychologiques précurseurs du burn-out sont nombreux : stress, anxiété, charge mentale. Mais je sais à quel point il est difficile de se comprendre et d’analyser son propre état émotif quand cet épuisement professionnel commence à produire ses effets. Nous voulons tous être forts, être fiables. Nous avouer nos faiblesses est un effort psychologique qui n’est pas possible quand nous nous battons tous les jours pour continuer.

-> D’un autre côté, les signes comportementaux sont visibles : des journées de travail à rallonge qui n’aboutissent à rien de concret, une agitation anormale, la diminution du temps de mémorisation et le fait de passer d’une tâche à une autre sans en finir aucune.

La solution : Comment détecter la maladie du burn-out ?

Des formations existent pour augmenter les chances de prévention et de prise en charge du burn-out. N’hésitez pas à vous former et à former tous les managers à la détection de ces signes comportementaux. De nombreux burn-out peuvent être traités à temps, avant le point de non retour.


Mon histoire aurait été différente si j’avais connu les signes avant-coureur du burn-out. Je sais qu’il est facile de se dire qu’on aurait pu faire autrement mais quand on est dans l’ignorance, il est impossible d’agir. 

Les formations à la prévention nous permettent d’avoir à l’esprit certains indicateurs du burn-out. Nous pouvons alors nous baser sur ces indicateurs pour qualifier des comportements bizarres ou inhabituels. Souvent, quand la personne en burn-out est officiellement malade, son entourage professionnel se rend compte des comportements étranges des dernières semaines. Les commentaires fusent sur la base de “on le savait”, “c’était clair”. 

Oui, c’était clair car les collègues de la personne malade ont vu les symptômes comportementaux. Mais personne n’a agit car ils n’ont pas su faire le lien entre ces comportements et la maladie. Une formation peut tout changer. 

J’espère que nous n’aurons plus jamais besoin de nous dire que si nous aurions su nous aurions fait autrement.

QUELLE EST LA DÉFINITION OFFICIELLE DU BURN-OUT ?

Au tout début, en 1970, le terme «burn-out » vient décrire l’épuisement au travail de professionnels de l’aide et du soin. Conceptualisé pour la première fois par le psychiatre américain Freudenberger en 1975, le burn-out a fait l’objet de nombreux travaux qui ont donné lieu à plusieurs définitions, toutes convergentes sur au moins un point: le burn-out se traduirait par un état d’épuisement professionnel (à la fois émotionnel, physique et psychique) ressenti face à des situations de travail « émotionnellement » exigeantes.